Hasselblad "C" Carl Zeiss Sonnar 150mm f-4,0 T*
La construction de l'objectif Hasselblad 150mm f-4,0 T* repose sur une formule optique ancienne, rustique et classique tout à la fois, de type Zeiss Sonnar 150mm f-4.0 disposant d'un traitement anti-reflet multicouche élaboré (multi faces), et introduit en 1974, lors de la mise en oeuvre d'une seconde mouture de l'objectif (version améliorée, Mark II (MKII), comme on dirait aujourd'hui).
Cette combinaison de lentilles a été développée par le Dr. Ludwig Bertele (1900-1985), en 1930.
Bref rappel...
Le premier Sonnar à être mis en production et commercialisé est le 50mm f-2.0 composé de six éléments en trois groupes, créé en 1926, afin d'équiper les Contax télémétriques. Ce très bon objectif, compact par la taille, sera abondamment copié, "à l'Est", et prendra sous sa forme soviétique, au sortir de l'arsenal de Kiev, l'appellation Jupiter-8M 50mm f-2,0.
En 1932, un septième élément vient s'intercaler à l'organisation optique. Cette disposition de lentilles autorise, déjà, pour l'époque, une ouverture maximale record à f-1.5.
Les Sonnar présentent davantage d'aberrations chromatiques que les Planar, d'un autre côté leur plus faible surface de lentilles confère à ces objectifs un meilleur contraste et une moindre sensibilité au "flare".
Comparativement aux formules optiques Tessar, plus anciennes encore, celles des Sonnar permettent, d'une part, d'obtenir une plus grande ouverture, et, d'autre part, celles-ci génèrent moins d'aberrations chromatiques.
Avec l'arrivée des reflex modernes, les optiques Sonnar se sont révélées incompatibles, mécaniquement parlant et du fait de leurs courtes focales (tirage), d'équiper ces boîtiers modernes singulièrement compacts et disposant d'une aptitude à s’accommoder d'une pellicule cinéma enroulée sous conteneur métallique, au standard 135mm et perforée longitudinalement, de type 24x36.
La raison étant liée au fait que le volume interne dévolu (encombrement 'réservé') au bon fonctionnement du miroir mobile nécessaire à la visée, ce type de boîtier faisait obstacle à cette mise en œuvre. Dès lors, ce modèle d'optiques sera relégué à équiper des boîtiers de type télémétriques, nécessitant moins de pièces en mouvement, mais, également, des reflex moyen/grand format.
L'arrivée sur le marché de la photo des mirrorless, dépourvus de prismes de visée et de miroir mécaniques de type reflex, fonctionnant "à l'ancienne", permettra l'adaptation de toute une série d'optiques de type L39 adaptables en raison de leur tirage réduit. Ce "rattrapage" sera obtenu au moyen d'accessoires (adaptateurs/'tubes écarteur'/soufflets) autorisant un faible éloignement/retrait de l'optique du capteur ("plan film").
L'Hasselblad de 150mm équipant un Fujifilm X-H2 de dernière génération muni d'un adaptateur (HB V-FX), repris à l'image au nombre des illustrations techniques jointes au présent article, est un exemplaire fabriqué à partir de 1962. Il possède un porte filtre de type B50 pouvant se transformer en un porte filtre bien plus classique (système fileté, "à vis"). L'objet pèse 705 grammes. La mise au point originale minimale, sur appareil argentique de la marque, porte le focus à une distance minimale de 1,4 mètre.
Sonnar et histoire astrale...
Le Zeiss Sonnar 150mm f-4,0 ainsi que le 80mm f2,8 et accessoirement le 250mm f-4,0 de chez Hasselblad sont trois objectifs classiques ayant effectué de nombreuses missions Apollo habitées. Les précieux et surprenants premiers clichés réalisés depuis l'espace, sur le sol lunaire, avec la Terre s'élevant au-dessus de l'horizon, ont été réalisés au moyen de ces optiques. Plusieurs équipements Hasselblad sont demeurés sur la Lune, faute de ne pouvoir être ramenés sur Terre.
Variantes...
Malgré le fait que de nombreuses variantes furent produites entre 1957 et 2013, les combinaisons optiques de cette large plage d'objectifs : 24, 30, 38, 40, 50 (NASA, pour film de 70mm), 60, 80, 105, 120, 150, 250, 350mm Hasselblad... sont demeurées inchangées.
Le traitement multicouche de type "T" a, pour sa part, été introduit dans les années 1970.
La formule optique introduite dès le départ, en 1930, qui comprenait quatre éléments en trois groupes, offre déjà de superbes rendus d'images, même si aucun revêtement n'a été utilisé.
La majeure partie des versions produites « fonctionnent correctement » compte tenu du fait que les lentilles sont, pour la plupart, traitées de manière primaire, mono couche.
Notons que le revêtement multicouche "T*" n'ajoute pas, de manière significative, des gains, cela, que ce soit au plan du contraste, ou au niveau des rendus en terme de profondeur des couleurs.
Certains affirment qu'il s'agit, plus là, d'une démarche 'marketing'.
Relooking
Au fil des années, ce qui a manifestement changé, en matière de propriétés, ce sont les dimensions internes et l'aspect extérieur des objectifs, jusque dans la dimension des filets pour filtres, des baïonnettes de montage avant, ou, encore des accessoires, tels les pare-soleils B50, de 50mm, passant à 60mm.
Alors que les premiers modèles Hasselblad, en version "C", se déclinaient en finition chrome argenté, par la suite, la marque a opté pour un recouvrement de surface noir mat relativement fragile à l'usure (parties anguleuses) et partiellement handicapant face au rayonnement solaire (chauffe).
Les modèles récents affichent un revêtement exclusivement noir.
La version CF, moderne, comprend une bague de mise au point au revêtement caoutchouté et possède un montage avant, à baïonnette, de 60mm.
Ces équipements optiques disposent d'un obturateur central intégré de type Prontor (datant de 1938) à 5 lamelles, qui fonctionne conjointement, en cas de besoin, avec l'obturateur à plan focal Hasselblad.
Sur la version CFi, le module à baïonnette du filtre, jadis en métal, a été remplacé par un accessoire plus léger, en plastique (polycarbonate).
Pour l'heure...
Hasselblad a pour ainsi dire abandonné la fabrication de nouveaux objectifs, mais aussi de tous nouveaux boîtiers pour son ancien système « V ».
Avec l'avènement du digital, des dos numériques amovibles sont venus compléter la gamme des accessoires de la marque et remplacer ou compléter, ainsi, le dispositif argentique à rouleaux de 120/220, au format 6x6, ou de dos Polaroid à développement instantané.
De nouveaux modules numériques, à haute définition, réduit en taille par rapport à leurs aïeux plus encombrants (boîte de visée à miroir), perpétuent, sous un autre design, la tradition des boîtiers moyen format Hasselblad d'antan.
Dans le commerce, plusieurs accessoiristes photo proposent des adaptateurs permettant d'accoupler d'anciennes optiques Hasselblad sur des boîtiers numériques "autres" mirrorless et reflex. Cela va tout aussi bien pour des appareils équipés de capteur au format micro 4/3, qu'au moyen format dernier cri, à plus 100 millions de pixels...
Compatibilité
D'un point de vue de la compatibilité, tous les objectifs Hasselblad -anciens- se comportent correctement, que ce soit au plan mécanique (accouplement), qu'au niveau optique.
Bémol, toutefois...
A titre d'exemple, l'Hasselblad Zeiss Sonnar 250mm f-4.0 fonctionne correctement sur l'ensemble des appareils photo Hasselblad relevant du système "V". Mais, relevons qu'il n'en va pas de même pour son utilisation sur un système "H" plus récent.
Une attention particulière devra donc être portée concernant les anciens Hasselblad fonctionnant avec des plans focaux de type 1600 et 1000 (1948-1957).
Pour rappel, les versions du 250mm f-4.0 s'adaptent à l'ensemble des séries classiques de type 500, 501 et 503.
De leur côté, seules les versions d'objectifs CF et CFi (1980-1989 & 1998-2013) sont compatibles avec des appareils à plan focal équivalent aux séries 200 et 2000.
Remarques relatives au 150mm f-4,0
D'apparence semblable, les Zeiss Sonnar 150mm f-4.0 fabriqué par Zeiss pour Hasselblad ont leur schéma interne identique et une carcasse semblables aux autres "suédois". Toutefois, les contours extérieurs des verres sont découpés différemment, afin de s'adapter aux différents types de barillets et d'obturateurs.
D'un point de vue de l'ouverture, les diaphragmes es longues focales comptent 5 lamelles droites qui ferment à maximum f-32 / f-45 selon les modèles.
Stabilité et vibrations
La réduction des vibrations a été obtenue grâce à un déport vers l'avant du système d'ouverture, compte tenu du fait que lorsque l'objectif est monté sur un appareil classique argentique (ancien) la majeure partie du poids de l'optique est porté vers l'avant. L'ensemble de l'appareil, en ce compris l'objectif et le dos amovible, possède une bonne stabilité inertielle (équilibre).
Compatibilité, suite
Terminons en relevant, qu'au gré du temps, des fabricants tiers ont développé des optiques parfaitement adaptables aux boîtiers Hasselblad....
Citons : Scheider Kreuznach (Xénon 100mm f-2,0, à monture "V"), Carl Zeiss (Distagon 30mm f-3.5 ou Biogon 38mm f-4.5 à monture "V"), Boyer Paris Saphir (170mm f-4.5, à monture "V"),...
Caractéristiques techniques
4 éléments en 3 groupes
Petit télé dédié au format 6x6 (120/220) ; équivalent 24x36 : 84mm
Obturateur central à 5 lames et sortie synchro flash à toutes les vitesses
Diaphragme à 5 lamelles
Dimensions : 79x96mm
Poids : 705 grammes
Focale précise : 151,2mm
Mise au point minimale : 1,4 mètre
Couverture angulaire : 29x21°
Ouverture : f-4.0 / f-32
Filtre avant et pare-soleil : baïonnette pour Hasselblad de type "50"
Entretien : démontage des verres (blocs avant/arrière) aisé
Valeur : 200-450€ , selon la source, l'état de conservation et de fonctionnement (tarif 2024)
Plus d'info (doc fabricant) : http://www.hasselbladhistorical.eu/pdf/lds/C150.pdf
News : https://cdn.hasselblad.com/f/77891/x/09de276a91/1601445-x-h-system-lenses-v3.pdf
Mini clip, avec, "en vedette", le duo 907X CFV II 50 C Hasselblad, par Eric Gibaud : https://www.youtube.com/shorts/6oVgCnG-TkY
Hasselblad "C" 150mm f-4.0 T* monté sur un Fujifilm X-H2 muni d'un adaptateur Fotodiox pro HB-FX (RF)
Détails relatifs au montage...
Sujet situé à 300 mètres + détails à 100%
Cliché réalisé à 320 ISO, par temps couvert...
1./ Contax équipé d'un Sonnar 50mm f-2.0
2./ Contax muni d'un Tessar 50mm f-3.5
3./ 135mm f-4.0 T*
4./ Composition optique (coupe) et variante, en fonction du design (in/out) de l'objectif
5-6./ Tableaux relatifs aux modèles de la marque + dates de construction ; noms et caractéristiques propres aux focales
7-9./ Série limitée : spécial NASA
10/ Variante "petit" grand-angle de 60mm f-4.0 (+/- 30mm, si ramené au 24x36)
11./ Tessar 80mm f-2.8 : montage classique, sur modèle 1000F Hasselblad
12-14./ Variantes digitales moyen format : dos amovible et dernière génération de boîtier monobloc à très haute définition